Il n'y a pas un racisme, mais des racismes. Anciens et toujours actuels, ils ne cessent de s'actualiser. Parce que certains tabous ont sauté, le racisme s'autorise même à revêtir les figures du bien-pensant et de la nécessité. La gestion des places et des espaces - du scolaire aux espaces dits publics - obéit à des règles racialisantes ; ce processus de catégorisation tendant à légitimer une dynamique dangereuse. Les tensions communautaires, les modalités de gestion politique du racisme " classique " ne doivent pas masquer que la diffusion de la pensée racialisante est plus profonde, plus rampante, plus ambivalente. Ici, quelques tentatives pour démonter ces processus de " racialisations ", pour déshabiller un racisme parfois " normalisé " tant ses formes sont ordinaires, tant le racisme peut paraître finalement banal.
Jeanne Lamaison -Etudiante en master 2 recherche « Socio-anthropologie du monde contemporain » à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense " Comment, en démocratie, des formes de racismes et de discriminations peuvent-elles subsister ? Le numéro de la revueLe Sociographe, consacré aux formes de « racismes ordinaires » en France, présente une analyse originale du racisme et des discriminations en tant que processus sociaux souvent indirects et dissimulés. Ces processus sont décrits comme résultants d’une part de l’héritage de l’imaginaire colonial, et d’autre part du cadre du système universaliste français. Ce dernier exclut le principe de différenciation, l’égalité républicaine reposant sur la non-reconnaissance de distinctions entre les citoyens1. Dès lors s’ensuit une incompatibilité entre le modèle républicain et la prise en compte de certaines formes de discriminations des minorités ethniques. Les discriminations « ordinaires » présentées dans ce numéro sont donc principalement abordées à travers les thématiques du déni de reconnaissance des minorités2et les formes de « ségrégations » par l’espace, causes de discriminations indirectes dont la réalité empirique est occultée au sein de l’idéologie républicaine. Dès lors, des perspectives de « luttes pour la reconnaissance »3peuvent engendrer des formes de replis identitaires pouvant provoquer une exacerbation des tensions interethniques déjà existantes ; bien que ce type d’hypothèse sur les « ambiguïtés de l’antiracisme » soit intelligemment critiqué par l’article d’Emmanuel Jovelin. "Suite....
Le contrat sexuel -Carole Pateman La Découverte, coll. « textes à l'appui », 2010, 332 p., EAN : 9782707164292.
PRÉSENTATION DE L'ÉDITEUR
Par quel étrange paradoxe le contrat social, censé instituer la liberté et l'égalité civiles, a-t-il maintenu les femmes dans un état de subordination ? Pourquoi, dans le nouvel ordre social, celles-ci n'ont-elles pas accédé, en même temps que les hommes, à la condition d'« individus » émancipés ? Les théories du contrat social, héritées de Locke et de Rousseau, et renouvelées depuis Rawls, ne peuvent ignorer les enjeux de justice que soulève le genre. Carole Pateman montre, dans cet ouvrage de référence enfin traduit en français, que le passage de l'ordre ancien du statut à une société moderne du contrat ne marque en rien la fin du patriarcat. La philosophe met ainsi au jour l'envers refoulé du contrat social : le « contrat sexuel », qui, via le partage entre sphère privée et sphère publique, fonde la liberté des hommes sur la domination des femmes. Il s'agit là moins d'exploitation que de subordination, comme le démontre l'auteure en analysant le contrat de mariage, mais aussi l'ensemble des contrats qui touchent à la propriété de la personne, de la prostitution à la maternité de substitution, jusqu'à l'esclavage et au salariat. Ainsi s'engage, à partir du féminisme, une critique de la philosophie politique libérale dans son principe même : pour Carole Pateman, un ordre social libre ne peut en aucun cas être de type contractuel.
proposition d'une chronique parDamien Simonin, Doctorant en sociologie à l'Ens de Lyon, membre du Centre Max Weber, équipe "Dispositions, Pouvoirs, Cultures, Socialisations", allocataire ANRS
" Le Contrat sexuelde Carole Pateman, publié en 1988 aux États-Unis, est disponible depuis peu en français dans une traduction de Charlotte Nordmann, accompagnée d'une préface de Geneviève Fraisse et d'une postface d'Éric Fassin. Au croisement de la théorie politique et de la critique féministe, l'auteure propose une relecture des théories classiques du contrat social à partir d'une proposition simple : « le contrat originel est un pacte indissociablement sexuel et social, mais l'histoire du contrat sexuel a été refoulée » (p. 21). Cette approche doit ainsi permettre de « mettre en lumière la structure actuelle d'institutions sociales majeures » dans les sociétés contractualistes patriarcales (p. 25)." Suite....
EMISSION Jeudi 13 Janvier 2011
entrevue avec Sylvie Bépoix pour parler de son livre :
"Pour les plus anciens d’entre nous – et pour eux seuls désormais – le
terme de banlieue a gardé un parfum de ruralité et peut évoquer des souvenirs d’exploration adolescente, à pied ou en vélo, dans les limites mêmes de la commune urbaine, d’un espace mixte, fait de jardins, de pièces
de terre maraîchères ou viticoles, de vergers, de fermes à la fois proches – on y allait chercher le lait dans les fameux bidons de zinc – et étrangères, entre la proximité de la ville dense et l’horizon de la forêt… La leçon
d’étymologie d’un instituteur érudit et amoureux de l’histoire des mots de
la langue avait dit l’origine médiévale – « moyenâgeuse » disait-on plus
communément à l’époque – et le sens du terme, qui fleurait bon la désuétude de l’Ancien Régime et d’un monde que nous étions en train de perdre."
En Europe, aujourd'hui, les femmes ont investi presque tous les lieux de décision et de pouvoir. Elles sont également en passe de devenir majoritaires dans la plupart des professions à haut niveau de diplôme. Pourtant, on oublie trop qu'il leur a fallu un siècle et demi pour y parvenir - cent cinquante ans de luttes contre les préjugés, les interdits, la dissuasion, les "plafonds de verre", cent cinquante ans pour que s'impose enfin l'idée que les femmes sont aptes à exercer des métiers où l'autorité morale, technique, scientifique est requise.C'est l'histoire de ces résistances à l'égalité entre les sexes, examinées sous l'angle des professions et des décisions que les hommes se réservaient - ou plutôt des longs refus à y admettre les femmes -, que ce livre novateur met en perspective à l'échelle européenne et sur la longue durée. Au passage, on saisira mieux pourquoi le partage du travail familial et domestique, au coeur des débats actuels et des évolutions à venir, est le pendant du partage de l'autorité et des savoirs.Sylvie Schweitzer, historienne, spécialiste de l'histoire contemporaine du travail, est professeur à l'université Lyon-II.
Cardon, La démocratie internetLes femmes journalistes victimes de discriminationCornu, Les médias ont-ils trop de pouvoir ?Belpoliti, Le corps du chefBelmessous, Opération banlieuesSalmon, StorytellingTodd, après la démocratiejournaliste Award "Pour la diversité.
Contre la discrimination" Cérémonie de remise européen et le lancement de l'édition 2010Debras, Lectrices au quotidienWeil, Liberté, égalité, discrimination
Les 37 000 journalistes français traversent, eux aussi, une crise historique. Elle pourrait être comparable dans son intensité au processus de destruction créatrice des années 1920. La redéfinition du journalisme, de ses produits, des ses pratiques, de ses formations, de ses conditions d'accès, de son économie... est en cours. Car au-delà des seuls journalistes bénéficiaires du sésame de la carte de presse, ce sont bel et bien les frontières qui reculent et les hiérarchies du champ de l'information qui se transforment en profondeur. La redéfinition de l'excellence et de la valeur professionnelle est l'enjeu d'une lutte entre l'ancien et le nouveau, entre marchands et déontologues, logiques de maximisation des audiences utiles et logiques d'offre, entre généralistes et spécialistes, entre privé et public, entre télécommunication et information, etc. Les études de cas présentées dans ce numéro permettent de mieux rendre compte des mutations de la profession journalistique qui exercent leurs effets sur les univers médiatisés et, au-delà sur la démocratie. Et, ce sont encore les médias dit « alternatifs » qui se redéfinissent eux-mêmes, jusqu'en Afrique, avec l'internationalisation des valeurs, formations, produits journalistiques via les financements occidentaux des démocraties du Sud.
DES LOISIRS ET DES BANLIEUES Enquête sur l'occupation du temps libre dans les quartiers populaires Gilles Vieille Marchiset
Les quartiers populaires sont souvent associés aux violences et aux ghettos. Cependant les habitants y construisent des vies de loisirs riches et singulières. Cet ouvrage propose, à partir de plusieurs enquêtes, de faire état des modalités récréatives, culturelles et sportives, d'occupation des temps libres. Il analyse les degrés de structuration et de relégation, d'intégration et d'exclusion dans les activités de loisir.
Dominique JACQUES-JOUVENOT, professeur de sociologie à l’université de Franche-Comté et Jean-Jacques LAPLANTE, Directeur de la santé à la MSA, ont présenté leur livre « les Maux de la Terre », au lycée agricole de Dannemarie sur Crête (25), le 26 mai dernier.Au travers des témoignages d’hommes et de femmes, recueillis par les auteurs durant leur carrière, et de données statistiques professionnelles, les auteurs ont voulu porter leur attention sur les maux de la terre (stress, maladies, accidents, suicides…), un aspect mal connu d’un milieu passionnant, celui du travail de la terre.Après un rappel sur l’histoire et les grandes étapes de la santé au travail en agriculture, les auteurs posent la question : « le bonheur est-il dans le pré ? ». En effet, l’idée commune qui consiste à penser que la campagne est un espace sain dans lequel les conditions de travail ne peuvent être que plaisantes, avec des travailleurs en bonne santé est fortement remise en cause par de nombreuses études réalisées au cours des dix dernières années.L’étude et l’analyse du risque professionnel des femmes en agriculture révèlent que ces dernières ne sont pas épargnées et développent des maladies spécifiques selon les secteurs d’activité.La dernière partie de l’ouvrage « santé et pauvreté », montre que l’inégalité économique entraîne une inégalité de santé et en agriculture, la pauvreté concerne aussi bien les agriculteurs que les salariés agricoles.
Jeannette GROS, qui a signé la préface de cet ouvrage, a félicité les auteurs pour l’écriture d’une page d’histoire sur la santé au travail et la prévention des accidents en agriculture.
"Il serait bien étrange qu'il se trouvât des hommes noirs si près du pôle, et dans un climat où les ours mêmes sont blancs...""Les noirs peuvent-ils devenir blancs? la question est posée dans Lade : il suffisait d'une brûlure pour que la peau noire devienne blanche."
"Quand on veut étudier les hommes, il faut regarder près de soi ; mais pour étudier l'homme, il faut apprendre à porter sa vue au loin ; il faut d'abord observer les différences pour découvrir les propriétés."Rousseau - Essai sur l'origine des langues
quarante ans de mouvement féministe. Pourquoi la revue « Hérodote », spécialiste de la géopolitique, donc de l'étude des rivalités de pouvoirs sur des territoires, s'intéresse-t-elle à cet anniversaire ? Parce qu' il existe bien une géographie des rapports de domination subies par les femmes, prostitution en tête. Ce phénomène, nommé depuis cinq ans « traite des personnes » par les Nations unies, reste difficile à appréhender au niveau mondial, reconnaît la chercheuse Maryse Chureau.
Résumé : Entretien avec Caroline Fourest, essayiste et journaliste, cofondatrice et rédactrice en chef de la revue ProChoix (féministe, antiraciste et laïque).
Le combat féministe est indissociable du combat laïc. Le féminisme laïque est l’antidote aux antiféminismes religieux et, par-delà la notion de laïque, il faut réhabiliter la vocation universaliste du féminisme. On voit, avec les débats autour du voile islamique ou de la mixité des lieux publics, que certains luttent contre les discriminations par le repli communautaire, mais une autre posture plus ambitieuse pour lutter contre le racisme consiste à ne jamais dévier de la demande d’égalité, de droits universels : cette voie est plus longue, mais déconstruit beaucoup plus en profondeur les préjugés et génère beaucoup moins d’effets pervers sur les identités.
Voici, publiées en deux courts volumes, les quatre leçons données en janvier 2009 au Collège de France par une jeune économiste de 37 ans, première titulaire de la chaire internationale « Savoirs contre pauvreté » créée en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD).
Son analyse et sa réflexion se fondent sur des travaux récents réalisés dans divers pays, qui utilisent une méthode expérimentale, généralisée depuis une dizaine d’années en économie du développement. Inspirée des essais cliniques en médecine, elle consiste pour l’essentiel à comparer des groupes tests ayant bénéficié d’un programme, d’une action ou d’une politique spécifique avec des groupes témoins analogues n’en ayant pas bénéficié. On peut ainsi mesurer à la fois la nature, l’impact et l’ampleur des changements apportés par ce programme, cette action ou cette politique spécifique, ce qui donne une précieuse indication pour savoir s’il convient de la développer ou non et éventuellement la corriger ou l’améliorer dans certaines de ses modalités.
Cette évaluation, toujours locale, se fait au plus près du terrain à partir du recueil de données statistiques et d’entretiens avec les personnes censées être bénéficiaires de l’action ou de la politique en question.
Impossibles victimes, impossibles coupablesLes femmes devant la justice (XIXe-XXe siècles)
Les femmes représentent moins de 15 % de l'ensemble des individus jugés et elles sont globalement moins sanctionnées, devant la justice ou dans l'opinion publique. À travers des études qui se concentrent soit sur le processus judiciaire lui-même, soit sur sa médiatisation, cet ouvrage étudie l'ambivalence qui fait des femmes à la fois des coupables et des victimes. Il met en évidence une déviance féminine plus diversifiée et délaissée par la recherche, évoquant le vol, l'escroquerie ou la sédition politique autant que les crimes de moeurs. La petite délinquance, souvent oubliée, côtoie les gestes plus spectaculaires et plus connus.
La plateforme d’action adoptée en 1995 à Beijing a été accueillie comme un référendum sur les droits humains des femmes dans douze domaines essentiels de préoccupations (égalité dans l’éducation, l’accès à l’emploi et au revenu, l’élimination de la pauvreté, la participation politique, la lutte contre les violences…). Dix ans après, ce numéro fait le point sur la situation et les droits des femmes aux points de vue social, économique, culturel et politique. Ainsi si les auteurs notent les progrès réalisés, ils pointent tout autant le travail qui reste à faire pour les gouvernements, les organisations internationales et les associations de femmes.
Emission UNIVERS-CITES -
Hoka CLAUDE GOUIN
Journaliste
Radio Campus Besançon 102.4
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